Belle Famille de Arthur DREYFUS
- Marine de Scorbiac
- 30 sept. 2012
- 2 min de lecture
Cynique et poisseux... tels sont les mots qui me viennent à l’esprit en refermant ce livre. Un début prometteur pourtant, une écriture originale, des références ironiques et oniriques, une famille… intéressante dans la description qui en est faite. Et pourtant.

Les parents, notables de Granville, tous deux médecins, prennent soin de leurs trois fils, Vladimir, Madec et Antonin. La mère, Laurence, est vite décrite comme une maitresse femme, dominant ses hommes, à commencer par son mari. Une vie remplie pour ne pas s’appesantir sur les non-choix accumulés au fil du temps. Un rôle de mère porté à son firmament. Qui sonne faux comme on le comprend vite.
Au centre du livre, il y a Madec, « le prénom même de Madec, d’ailleurs, semblait lui aussi étranger à la famille Macand. » Il semble porter la poisse, sans le vouloir, présent lors d’accidents qui coûtent la vie à des granvillois sans histoires. Le décor est posé, le petit garçon se distingue et vit dans sa bulle. On comprend vite qu’il est extra-ordinaire. Jusqu’au départ en vacances.
Le drame survient alors : l’accident de Madec, les détails sordides, le mensonge mis en scène, les personnages petits et mesquins, le flic solitaire, le Ministre ou encore les stars convoquées (Noah, le Pape) pour la satire du système médiatique. Et la mère alors ? Et ce petit garçon qui même mort, est encore présent dans toutes les pages ? On pense à ce fait divers, la disparition de la petite Maddie au Portugal. Maddie, Madec… il n’y a sans doute pas de hasard, mais une volonté de dénoncer. Des soupçons, encore en-deçà de la vérité.
L’écrivain ne fait rien d’autre que cela : rêver la vérité. La vérité d’Arthur Dreyfus se tient, mais salit. Trop-plein de crasse, sous couvert d’une vérité qui n’existe pas. Sous couvert de s’éloigner de toute référence ou solution facile, le récit pèse. Se recroqueville sur lui. En refermant ce livre, je me sens mal. Lourde d’une histoire qui finalement, compte tous les vices, blanchit la mère qui en plus, « pense : tout cela pour un enfant que je n’aimais pas. »
Folio - 2013
Dans le cadre du Grand prix des Lectrices de ELLE 2013.
Marine de Scorbiac - BOOKinade

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