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L'avenue des géants de Marc DUGAIN

  • Photo du rédacteur: Marine de Scorbiac
    Marine de Scorbiac
  • 17 mars 2017
  • 2 min de lecture

Couv livre_BOOKinade - Marine de Scorbiac

Fou à lier, pervers, obsédé ou encore détraqué. Autant d’adjectifs pour qualifier Al Kenner, ce jeune tueur psychopathe. Il est difficile de refermer ce livre sans un haut le cœur après avoir lus les actes odieux dont s’est rendu coupable le jeune homme : la brutalité et la perversion de ses méfaits sont inimaginables.

Et pourtant… le personnage est attachant du haut de ses 2, 20 m, de sa corpulence que l’on imagine toute américaine et de son « QI supérieur à celui d’Einstein ». Même si le sujet peut laisser songeur, Marc Dugain sait rendre ce jeune homme réel et accessible. Ses raisonnements bien souvent liés à son enfance malheureuse donnent la part belle à la responsabilité de ses parents. Et j’avoue le croire quand Al dit en se rendant : « je ne tuerai plus jamais [..] je n’ai plus de raison maintenant que ma mère est morte »… Et comme on ne peut refermer le livre sans trouver un coupable, la mère est la coupable désignée. Al en est son bras armé. Lutter contre les idées malfaisantes et les pulsions ne suffit plus. Il faut tuer la mère.

L’autre coupable, c’est cette Amérique en pleine mutation. Cette époque où coexistent les mouvements hippies et la rigueur des Conservateurs, la guerre du Vietnam et le pacifisme extrême. Luttant contre ses démons, Al Kenner traverse ainsi les Etats-Unis, traversant l’avenue des Géants, dont il est, par sa carrure mais en participant également, dans une certaine mesure par ses crimes, à l’histoire de son pays.

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Le sujet ne m’attirait pas et pourtant, l’écriture fluide de Marc Dugain rend l’histoire d’Al Kenner agréable à lire. La singularité du tueur, ses doutes et ses luttes contre des pulsions conscientes, l’espoir qu’on a pour lui quand il est réhabilité pour le meurtre de ses grands-parents, la cruauté de sa mère et enfin, la dimension rédemptrice de sa relation avec Duigan équilibrent le récit et le rendent réel.

Reste enfin, qu’en refermant le livre, on imagine aisément Ed Kemper, le modèle de Al, dans sa prison, en train d’écrire son histoire. Histoire que Marc Dugain a formidablement entamée.

Gallimard - Septembre 2013.

Dans le cadre du Grand prix des Lectrices de ELLE 2013.

 
 
 

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