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American Requiem de Jean-Christophe Buchot

  • Photo du rédacteur: Marine de Scorbiac
    Marine de Scorbiac
  • 16 mai 2017
  • 2 min de lecture

"A l'amour au-delà de la mort qui meut le soleil et les autres étoiles."

C'est une missive de l'au-delà, une lettre écrite par un mort, John, JFK, Johnny ou le Président Kennedy. Un souffle court, réaliste et chaud qui vous enveloppe et vous fait revivre ce jour de novembre 1963 à Dallas, Texas.

Mais aussi et surtout l'avant. Un long monologue, une introspection poétique et chantante, réaliste et noire. Refaire le chemin, expliquer, justifier de cette vie trop courte ou bien assez courte, c'est selon... Pour mieux aller vers l'après Dallas..

On y croise Marylin, Inga son premier amour, Rose à Hyannis Port, le vieux Jo et ses exigences, ses ancêtres et ses enfants, les morts et les vivants et Jackie aussi. Un peu.

" A bien y réfléchir, j'ai passé ma vie à préparer ma mort"

Et c'est là toute la thèse de ce livre : cette mort était anticipée, justifiée et préparée par sa victime. Il voulait, que dis-je, devait mourir. Pour sublimer cette vie à portée historique, pour sous-titrer les années d'un jeune homme qui n'aurait pas dû vivre aussi longtemps, pour retrouver ses morts, manquer à ses vivants et enseigner aux autres.

Ce n'est pas un polar, mais la noirceur y est poisseuse, comme dans un polar. Ce n'est pas un roman car le texte s'ancre dans la réalité des faits, de l'Histoire. Ce n'est pas une biographie, car c'est John qui parle, de l'au-delà... C'est une confession intime, un secret murmuré, une psychanalyse exprimée, un chuchotement d'intégrité.. Un poème aussi. Un chant funèbre.

"Aujourd'hui ça commence, aujourd'hui, je suis mort."

Quelle idée de génie de Jean-Christophe Buchot d'écrire une vie du point de vue de la mort. Ce parti pris met en perspective, justifie, met en abîme et renverse les codes. La noirceur y a alors toute sa place, mais comme dans les pièces de Soulages, elle est éclairée de l'intérieur par le sentiment d'intégrité et de vérité des propos. L'homme est mort. Il ne peut mentir. Il ne peut qu'être vrai et par conséquent, relire l'Histoire au tamis de la vérité, sa vérité.

Les illustrations d'Hélène Balcer et Yann Voracek complètent étonnamment ce travail des mots, par des images foutraques, des découpages, des montages. Les nombreuses citations de poètes du 19ème et 20ème siècle, contribuent également à l'originalité de ce petit roman hors norme.

Je ne sais pas à quoi je m'attendais en ouvrant ce petit livre à la couverture noire découpée de travers et au titre écrit comme un tag à la va-vite, mais je sais que ce fût un voyage en dehors du temps, un voyage à nul autre pareil.

Pour lire ce petit livre étonnant, c'est ici.

Editions La Renverse, 2017.

 
 
 

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