Chez les Yan
- Marine de Scorbiac
- 12 avr. 2018
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 janv. 2020
L'ouvrage est épais, orné d'une lourde porte rouge que l'on pourrait qualifier de caricaturale si elle n'était pas aussi jolie et adaptée au propos. Parce que Chez les Yan est une porte qui s'entrouvre sur la Chine et son Histoire. Une Chine de traditions, une Chine secouée par les vents contraires de la Révolution Culturelle, de la modernisation, de l'ouverture au monde. Une Chine fascinante racontée avec humanité et je dirais même presque, tendresse.

C'est toute l'Histoire de la Chine qui s'offre à nous, à travers la famille Yan, famille bourgeoise et protestante convertie au communisme dans les années 30.
Un voyage au cœur de de la Chine des superlatifs, des volumes, des espaces et de la diaspora, loin de nos livres d'Histoire qui présentaient de façon distante et factuelle le dernier empereur, Mao Zedong, Zhou Enlai et Deng Xiaoping, la Révolution culturelle et le Grand bond en avant. Une entré de plein pied dans l'Histoire d'une nation, d'une tradition, d'une famille, d'une espérance aussi.
Yan Lan a 10 ans quand les Gardes rouges défoncent la porte de la maison familiale à Pékin. La «Révolution culturelle» met fin avec fracas à une enfance «très privilégiée». Mao a besoin de têtes à couper. Le grand-père est emmené manu militari. Ce haut fonctionnaire, patriote bâtisseur du Parti Communiste chinois, est accusé de «révisionnisme», la grande antienne des purgeurs zélés. Il meurt sept mois plus tard. La terreur maoïste s’abat sur la famille de diplomates, d’interprètes, de militaires. La mère de Yan Lan est internée dans un camp de travail. Elle doit marcher 10 kilomètres pour voir sa petite fille. «La Révolution n’est pas un dîner de gala»,écrivait Mao. Les Yan ont le temps de méditer les aphorismes du Grand Timonier.
C'est à travers l'histoire de sa famille, une famille qui a payé au prix fort son engagement et sa foi dans leur pays, que Yan Lan partage son attachement à la Chine. Un livre pour ne pas oublier sans doute (difficile d'oublier la figure du grand-père du reste!), mais aussi surtout pour mieux regarder devant, en s'ancrant dans la réalité de son passé, dans les leçons tirées de ces pages sombres.

Aujourd'hui dirigeante de la banque Lazard pour la Grande Chine, Yan Lan poursuit l'idéal de ses ancêtres en contribuant à la construction et au rayonnement de son pays. Car comme elle l'évoque à la fin de son ouvrage "Depuis l'Antiquité les hommes sont mortels, mais la loyauté pour le pays leur permet de rester toujours dans l'Histoire" (Weng Tiansiang)..
Ouvrez la porte rouge vous aussi ! Vous y découvrirez une page d'Histoire fascinante, mais vous vous forgerez aussi un autre regard sur ce pays si éloigné du nôtre...
Merci beaucoup Mme Lan pour votre si beau témoignage et ses vertus de transmission entre nos nations.
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